C’est à la force du mental et au prix d’une neuvième étape dantesque, que Stéfan Benett, vainqueur du Tour en 2021 a pu accrocher une nouvelle couronne à son palmarès.
« Ce sont des ambiances que l’on vit rarement, alors j’ai profité des encouragements du public, racontait alors le désormais double tenant du titre. Quand ils n’encourageaient pas Boris Carène, j’entendais mon nom et ça me portait littéralement. »
Mais les encouragements n’ont pas suffi pour que Benett l’emporte une deuxième année consécutive. Il y a du rajouter le talent et l’intelligence de course dont il n’a pas manqué. Car au soir de la 8e étape, un contre la montre, remporté par Alexys Brunel (USL), tout le monde s’accordait à dire que Brunel avait d’ores et déjà réussi le doublé Tour de Marie-Galante, Tour de la Guadeloupe. Mais c’était sans compter sur Benett qui croyait encore en ses chances.
« Il reste encore deux étapes, affirmait-il dont une grosse étape de montagne, un parcours qui me convient, samedi. Et tant que la ligne d’arrivée ne sera pas franchie dimanche, je vais essayer de combler mon retard. »
Quatre minutes trente, une éternité à vélo, mais pour un potentiel vainqueur, doté d’une motivation hors normes, un simple clin d’œil. Dès les premières bosses de la 9eétape, Benett est à l’attaque, Brunel n’y croit surement pas, sauf que l’écart augmente et qui plus est, Benett trouve des alliés de circonstance. Virtuellement maillot jaune, il accentue le clou alors que mentalement, Alexys Brunel sombre corps et âme, lâché par des seconds couteaux, incapables de refaire surface.
A l’arrivée, le maillot jaune, Brunel compte une demi-heure de retard sur le vainqueur de l’étape, un peu plus de vingt-huit minutes sur Stéfan Benett qui s’ouvre les portes d’un deuxième titre. Dimanche, lors de la dernière étape de cette soixante et onzième édition du Tour, Brunel fera tout pour finir le Tour en beauté et remporter une étape, il se contentera une podium. Et même s’il affirme que de perdre un 2.2 n’est pas une catastrophe, comment peut-il nier sa déception après avoir presque lâché que le Tour était plié ? Pour Stéfan Benett, c’est un deuxième sacre mérité, arraché à la pédale et à la stratégie de course. « Chaque titre est particulier, celui là a été plus difficile à décrocher car mon équipe était moins forte cette année. J’ai perdu beaucoup de temps sur l’étape des Abymes, mais peu à peu, j’ai pu revenir dans la course au titre avant de faire la différence samedi. » Tentera-t-il la passe de trois ? L’avenir nous le dira, mais on sait que le coureur aime la Guadeloupe. Côté guadeloupéen, on ne peut passer à côté de la victoire d’étape de Jérémy Deloumeaux au Moule, alors que ses deux compagnons d’échappée avaient jeté l’éponge, il avait fait les derniers kilomètres à bloc pour tenter de conserver l’avantage sur le peloton qui revenait très fort. Il n’a qu’une centaine de mètres d’avance lorsqu’il franchi la ligne, suffisant pour être élevé en héros, puisque cela faisait deux éditions que la Guadeloupe n’avait pas connu de vainqueur d’étape. On ne peut pas non plus éclipser la performance de Boris Carène qui malgré son manque de compétition est venu, d’autorité, prendre une place dans le top 10 du tour et qui termine meilleur guadeloupéen de l’épreuve.
Il a déjà annoncé sa motivation de remonter sur scène l’an prochain et tel qu’on le connaît, il voudrait faire mieux que cette année où le parcours s’est révélé dantesque avec des arrivées à Village (Bouillante), Palmiste (Gourbeyre) ou Regrettée (Trois-Rivères) qui deviendront sans doute mythiques.
