De’André Calderon a déjà mis la Caraïbes à ses pieds avec son niveau de tennis de table.
Il n’était ni le plus doué, ni le plus redouté, mais le jeune Saint-Lucien De’André Calderon, 14 ans, s’est imposé au championnat national de tennis de table en catégorie sénior, à la fin du mois de septembre 2019. Une vraie sensation pour ce jeune homme dont le parcours personnel ne le destinait en rien au sport de haut niveau.
Timide, économe en gestes, mais l’œil vif et le sourire toujours rivé à un coin de ses lèvres, De’André Calderon est un adolescent de 14 ans, on ne peut plus normal. Enfin, autant qu’on puisse l’être quand, dans la même année, on enterre son père et que la maison familiale part en cendres, que sa mère essaie, tant bien que mal, de garder la stabilité du foyer, d’hôtel en hôtel. La famille Calderon n’avait certes pas tiré une bonne main de départ. Et pourtant. De’André ne se contentera pas d’être un assez bon élève, le tennis de table lui donnera l’occasion de briller de la plus improbable des manières.
L’histoire commence à l’école primaire où les élèves de la classe de De’André suivent un cursus comprenant un fort coefficient sportif. “C’était le grand truc de tout le monde à l’école. Pendant un moment j’ai été un peu en marge parce que tous mes amis étaient vraiment doués.” raconte lui-même le jeune homme. “Les écoles primaires de son district organisent dans l’année un tournoi qui rassemble les meilleurs joueurs, et De’André n’y a jamais participé, il restait en classe avec les filles” se souvient son coach Chris Wells.
Plus de 50 h d'entraînement
Mais comme l’adage créole le dit si bien, l’eau n’emporte pas ce qui est de droit, et c’est le tennis de table qui viendra vers le jeune homme, en la personne même de Chris Wells. “ À l’époque, nous étions venus animer des ateliers à l’école. Je l’ai vu jouer. Il n’était pas le meilleur, ni le plus talentueux, mais il avait une capacité incroyable à écouter et à reproduire exactement les consignes qu’on lui donnait. C’est à ce moment que son potentiel est devenu évident à mes yeux.” explique Chris Wells. Calderon se révèle une véritable bête de travail. Le jeune homme ira jusqu’à enchaîner 50 heures d’entraînement par semaine, en plus de ses obligations scolaires. Fortement encouragé par sa mère, qui conçoit le tennis de table comme un bouclier contre l’appel de la rue et de la délinquance juvénile.
Chris Wells (gauche) l’entraineur de De’André Calderon
De victoire en victoire...
Son intégration parmi les athlètes de la Table Tennis Association marque un véritable changement de vie pour le garçon. Au départ, son objectif était humble. “Je me suis entraîné autant parce que je ne voulais pas être moins bon que mes amis. Je voulais être assez fort pour jouer avec eux”. Pour un sportif, la victoire ne vit jamais bien loin du travail et de l’entraînement, et la victoire devient une bonne amie de De’André. “Nous nous sommes alignés à plusieurs concours à La Barbade et à Trinidad, il les a tous gagnés. Il a la capacité de s’adapter très rapidement, il observe le niveau et il s’y aligne” analyse son coach. Du coup, aujourd’hui, De’André a révisé ses objectifs de carrière à la hausse. “Mon ambition est de devenir le meilleur grâce à une carrière à l’international, et rendre fiers mon coach et ma mère.” dit désormais le jeune homme à qui veut l’entendre. Pour cela, Chris Wells essaie de trouver des solutions pour le faire connaître à l’extérieur de Sainte-Lucie. Des solutions sont possibles, mais pas avant quelques années. Une chose est sûre, le coach ne désarme pas. “C’est compliqué de dire maintenant qu’il participera à des championnats à l’étranger, mais notre encadrement et ses performances aideront à débloquer les choses.” La prochaine étape pour De’André, les championnats caribéens en février 2020.
- Priscilla Romain
