Maverick Céron, entraîneur du Pôle Espoir kayak
En juillet dernier, quatre jeunes du Pôle Espoir de kayak de Guadeloupe remportaient les France de K4* vitesse sur 200 m. Une performance à la fois magique et triste, car elle scelle la – prometteuse – carrière sportive de ces athlètes. Cinq ans après avoir vécu immergés dans leur sport, ils ont dû faire un choix entre celui-ci et les études. Et à ce jeu, c’est souvent le second qui gagne.
Bel adieu, la meilleure manière de clore une aventure, Florian Prudent, Kénan Gavarin, Noah Grenié et Daniel Vérin ont mouillé le maillot pour les championnats de France de kayak en juillet dernier. Ils sont revenus avec une médaille de vices-champions sur 500 m et le titre de champions de France de vitesse sur 200 m. Ces titres et leurs médailles fileront directement sur une étagère où ils ne seront jamais rejoints par d’autres récompenses. Brillants étudiants, les quatre jeunes hommes ont décroché leur baccalauréat. “Cette équipe voulait marquer l’Histoire. En plus d’être performants ensemble, ils étaient aussi très bons individuellement. Sur les quatre garçons, trois étaient en junior 2, un en junior 1, c’est ce dernier qui continuera le kayak jusqu’à l’année prochaine, à l’issue de la terminale”, précise Maverick Céron, entraîneur du Pôle Espoir. Mais ce diplôme sonne aussi le glas de leur carrière sportive. Faire coexister les études supérieures et le sport de haut niveau, une équation dangereuse que bien peu de sportifs arrivent à résoudre. Ironie du sort, Maverick Céron, a dû mettre un terme à sa carrière sportive pour les mêmes raisons. “J’ai essayé de tenir le rythme pendant un mois. Je n’ai réussi que parce qu’à ce moment-là, le planning de cours était moins dense. Quand il s’est normalisé, j’ai été obligé d’arrêter les entraînements”. Ceux qui ont réussi le pari l’ont fait grâce à une stratégie millimétrée.
Partir sans
(trop) ramer
En une dizaine d’années, seuls quatre kayakistes se sont frayé un chemin vers l’équipe de France. Ils n’ont pas attendu la terminale pour s’en aller. Dès la seconde, ils avaient déjà un pied dans l’Hexagone. “C’était l’occasion de mieux connaître le niveau Français, ils ont cadré leur départ avec leurs familles et ils ont décidé ensemble de mettre le kayak au centre de l’avenir de l’athlète. Ces enfants ont été entourés par leurs familles, sans oublier qu’il y a beaucoup de Guadeloupéens à l’INSEP”. Aujourd’hui, la mission de ceux qui y sont arrivés est de permettre à d’autres de suivre le même chemin, mais là encore, rien n’est joué. “Même si les meilleurs voulaient faire du kayak leur carrière, notre sport n’est pas assez reconnu pour en vivre. Avec les études, on a quand même 80 % de chances upplémentaires de réussir” admet Maverick Céron. Pourtant, malgré ces freins structurels, le kayak continue de séduire. Pour cette rentrée, neuf élèves émargent au Pôle, dont quatre filles, un ratio historique pour la filière. C’est pour ouvrir de plus grandes perspectives à ces jeunes que le Pôle va élaborer un nouveau calendrier de compétitions qui favorisera les déplacements dans l’Hexagone pour participer à des compétitions plus relevées.
- Priscilla Romain