Paris 2024 c’est dans à peine 18 mois. Autant
dire que les athlètes de tous horizons sont
dans la dernière ligne droite de leur préparation. Harry Méphon, grande figure du sport
en Guadeloupe, directeur des sports et de la
culture à la Région Guadeloupe, entraîneur
d’athlétisme et sociologue du sport,
nous donne son regard sur le
sport en Guadeloupe.

TIM’S Magazine : Quel premier constat
faites-vous sur la situation du sport en
Guadeloupe ?
Harry Méphon : C’est le sport qui donne ce rayonnement à la Guadeloupe et aux Outre-mer. Une attention particulière doit être portée sur ces activités, qu’il ne faut pas voir que sous l’aspect des performances mais aussi en tant que loisirs. Il faut cependant professionnaliser l’encadrement. Le sport est bon pour la santé, il sert à lutter contre la sédentarité, or nous avons 40% des jeunes de moins de 15 ans en surpoids. Beaucoup de pathologies peuvent trouver une solution dans la pratique sportive. La Guadeloupe est une terre de champions, on doit en faire aussi une terre de pratiquants. On doit passer par là pour construire le pays.
Harry Méphon : C’est le sport qui donne ce rayonnement à la Guadeloupe et aux Outre-mer. Une attention particulière doit être portée sur ces activités, qu’il ne faut pas voir que sous l’aspect des performances mais aussi en tant que loisirs. Il faut cependant professionnaliser l’encadrement. Le sport est bon pour la santé, il sert à lutter contre la sédentarité, or nous avons 40% des jeunes de moins de 15 ans en surpoids. Beaucoup de pathologies peuvent trouver une solution dans la pratique sportive. La Guadeloupe est une terre de champions, on doit en faire aussi une terre de pratiquants. On doit passer par là pour construire le pays.
T. M. : Les décideurs sont-ils déjà en train
de chercher des pistes pour faire réellement bouger les choses ?
H. M. :Au Conseil régional, on est en train de faire une enquête sur les emplois et les besoins dans le sport. Des initiatives sont prises de manière globale, notamment par Dominique Théophile. Il y a aussi un problème d’infrastructures, ce qui est une sempiternelle question. Il faut s’interroger de manière pérenne. La première remarque, c’est que la Guadeloupe a bien avancé ces sept dernières années : une piste haut de gamme au CREPS ; la plaine de jeux Michel Coicou à BasseTerre… Mais l’une des plus grandes problématiques, c’est que les infrastructures doivent répondre à des normes fédérales. Par exemple, il n’y a aucun grand stade en Guadeloupe qui réponde aux normes FIFA ; on a juste des dérogations. On doit former, faire de l’animation dans les infrastructures et les entretenir. On les fait, mais il n’y a ni gestion, ni maintenance. Et là, il y a des gisements d’emplois.
H. M. :Au Conseil régional, on est en train de faire une enquête sur les emplois et les besoins dans le sport. Des initiatives sont prises de manière globale, notamment par Dominique Théophile. Il y a aussi un problème d’infrastructures, ce qui est une sempiternelle question. Il faut s’interroger de manière pérenne. La première remarque, c’est que la Guadeloupe a bien avancé ces sept dernières années : une piste haut de gamme au CREPS ; la plaine de jeux Michel Coicou à BasseTerre… Mais l’une des plus grandes problématiques, c’est que les infrastructures doivent répondre à des normes fédérales. Par exemple, il n’y a aucun grand stade en Guadeloupe qui réponde aux normes FIFA ; on a juste des dérogations. On doit former, faire de l’animation dans les infrastructures et les entretenir. On les fait, mais il n’y a ni gestion, ni maintenance. Et là, il y a des gisements d’emplois.
« On doit penser
sur le long terme »
T. M. : Si la Guadeloupe veut rester ce
qu’elle est depuis longtemps, une terre
qui crée des champions, beaucoup de
choses doivent encore changer…
H. M. : « On ne doit pas voir le sport des années 2020 comme on l’a fait il y a trente ans ou plus. Les installations sportives doivent être pleinement utilisées.
H. M. : « On ne doit pas voir le sport des années 2020 comme on l’a fait il y a trente ans ou plus. Les installations sportives doivent être pleinement utilisées.
T. M. : A quelques dix-huit mois des J.O,
peut-on espérer voir des athlètes guadeloupéens s’illustrer ?
H. M. : C’est une question qui ne se pose plus. Il y en aura toujours qui vont briller. Mes travaux ont prouvé que la Guadeloupe est vraiment une terre de champions et les faits le précisent. La question est de savoir si un Guadeloupéen peut se préparer entièrement en Guadeloupe ? Ma réponse est nuancée car il y a d’abord la formation. Il faut leur offrir l’entrainement, les bonnes conditions pour se préparer. C’est ce qui est en train de se faire au CREPS, en termes de préparation aux jeux. Des étrangers viennent s’y préparer, des Guadeloupéens aussi. Les conditions sont réunies pour aider nos athlètes. Beaucoup de compétiteurs savent qu’ils y seront. Romuald Raboteur en para judo risque bien d’y aller. On aura des escrimeurs, des jeunes en voile ou en surf qui sont aux portes de l’équipe de France.
H. M. : C’est une question qui ne se pose plus. Il y en aura toujours qui vont briller. Mes travaux ont prouvé que la Guadeloupe est vraiment une terre de champions et les faits le précisent. La question est de savoir si un Guadeloupéen peut se préparer entièrement en Guadeloupe ? Ma réponse est nuancée car il y a d’abord la formation. Il faut leur offrir l’entrainement, les bonnes conditions pour se préparer. C’est ce qui est en train de se faire au CREPS, en termes de préparation aux jeux. Des étrangers viennent s’y préparer, des Guadeloupéens aussi. Les conditions sont réunies pour aider nos athlètes. Beaucoup de compétiteurs savent qu’ils y seront. Romuald Raboteur en para judo risque bien d’y aller. On aura des escrimeurs, des jeunes en voile ou en surf qui sont aux portes de l’équipe de France.
T. M. : Les JO changent peu à peu de visage
avec l’apparition de nouvelles disciplines.
À votre avis, cela change-t-il la donne ?
H. M. : La définition du sport, je ne suis pas autorisé à la juger. Le hip hop arrive, le karaté disparait. Le comité international mise sur des aspects spectaculaires. Le sport est de plus en plus mis sous le poids des médias. Ce sont les médias qui ont transformé les systèmes de faux départs au 100 mètres. Par exemple, le hip hop est là, mais le cricket qui est hyper développé dans le monde n’y est pas. Ce sont des choix politiques qui font que tel ou tel sport se retrouve aux JO. La France accueille les JO, mais ce n’est pas mathématique que cela l’aide à gagner plus de médailles. Pour avoir des médailles, il faut mettre en place des systèmes. En athlétisme par exemple, la majorité des champions du monde ont une vingtaine d’année. Ils sont déjà prêts. Pour Alexis Mayer qui a la trentaine, on sait qu’il n’y aura pas de miracle. La performance en sport est un résultat de programme de développement. Les Anglais, les Japonais ont mis en place des méthodes pour rechercher les performances alors qu’en France cette démarche-là n’existe pas. En Guadeloupe, les programmes de détection sont là, mais ils ne sont pas très pertinents dans une recherche de développement.
H. M. : La définition du sport, je ne suis pas autorisé à la juger. Le hip hop arrive, le karaté disparait. Le comité international mise sur des aspects spectaculaires. Le sport est de plus en plus mis sous le poids des médias. Ce sont les médias qui ont transformé les systèmes de faux départs au 100 mètres. Par exemple, le hip hop est là, mais le cricket qui est hyper développé dans le monde n’y est pas. Ce sont des choix politiques qui font que tel ou tel sport se retrouve aux JO. La France accueille les JO, mais ce n’est pas mathématique que cela l’aide à gagner plus de médailles. Pour avoir des médailles, il faut mettre en place des systèmes. En athlétisme par exemple, la majorité des champions du monde ont une vingtaine d’année. Ils sont déjà prêts. Pour Alexis Mayer qui a la trentaine, on sait qu’il n’y aura pas de miracle. La performance en sport est un résultat de programme de développement. Les Anglais, les Japonais ont mis en place des méthodes pour rechercher les performances alors qu’en France cette démarche-là n’existe pas. En Guadeloupe, les programmes de détection sont là, mais ils ne sont pas très pertinents dans une recherche de développement.
T. M. : Donc, nos jeunes ont-ils des chances
de briller à l’international ?
H. M. : Je suis confiant, mais cela passe par une politique adaptée. On doit penser collectivement. Il faudrait par exemple développer les data sciences (études des données). C’est dans cet esprit-là que la piste connectée du CREPS a été créée. C’est ça le futur. On doit arrêter le sport de chapelle. Personne ne pourra faire les choses seul. Il faut aussi utiliser la richesse de la Caraïbe et de la zone Amérique pour se former. C’est là où sont les compétences, alors que l’on ne voit la Caraïbe qu’en termes de déplacement. Le sport guadeloupéen est trop tributaire des fonds publics. Enfin, tant que le privé ne jouera pas le jeu, se mettre aussi à la table des financeurs, on n’avancera pas.
H. M. : Je suis confiant, mais cela passe par une politique adaptée. On doit penser collectivement. Il faudrait par exemple développer les data sciences (études des données). C’est dans cet esprit-là que la piste connectée du CREPS a été créée. C’est ça le futur. On doit arrêter le sport de chapelle. Personne ne pourra faire les choses seul. Il faut aussi utiliser la richesse de la Caraïbe et de la zone Amérique pour se former. C’est là où sont les compétences, alors que l’on ne voit la Caraïbe qu’en termes de déplacement. Le sport guadeloupéen est trop tributaire des fonds publics. Enfin, tant que le privé ne jouera pas le jeu, se mettre aussi à la table des financeurs, on n’avancera pas.
————————— Entretien William Joas
JO Paris 2024 en quelques mots
Les sports collectifs ouvriront les JO de
Paris 2024, le 24 juillet. Football et rugby
auront la charge de démarrer la quinzaine
sportive la plus attendue des quatre dernières années. Deux jours après l’entrée
en piste des footballeurs et des rugbymen, le grand feu d’artifice de la cérémonie d’ouverture aura lieu. Les premières
médailles seront quant à elles distribuées
dès le lendemain de la cérémonie qui,
comme à l’accoutumée, s’annonce grandiose. Les JO, c’est le graal, la compétition
pour laquelle tout le monde se prépare
depuis des années.
En plus des vingt-huit sports « titulaires »
comme l’athlétisme, la boxe, le handball,
la voile ou l’escrime, quatre autres disciplines seront au programme de cettenouvelle grande-messe du sport : l’escalade, le skateboard, le surf et le breakdance. Des sports considérés comme
créatifs, spectaculaires et en phase avec
l’époque. À vrai dire, trois de ces disciplines étaient déjà présentes à Tokyo, et
ont été reconduites. Des quatre, seul le
breakdance fait ses grands débuts dans
cette manifestation. Pour le surf, c’est à
des milliers de kilomètres de Paris que se
dérouleront les épreuves, la capitale étant
dépourvue de mer et donc de vagues.
C’est en Polynésie que les surfeurs prendront rendez-vous avec leur médaille, sur
le site de Teahupo’o, à Tahiti. Pour une présentation complète des prochains Jeux
Olympiques, TIM’s Magazine vous donne
rendez-vous dans une prochaine édition.