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Mérédith GUILLAUME : « Je suis partie au bon moment ! » - TIM's Magazine

Mérédith GUILLAUME : « Je suis partie au bon moment ! »

Mérédith GUILLAUME :  « Je suis partie au bon moment ! »

A l’âge de 16 ans on te propose de rejoindre l’hexagone pour intégrer un Pôle France. Comment cela s’est passé ?

MG : L’entraîneur du Pôle France à l’époque m’a repéré petit à petit sur les compétitions. Lors du championnat de France qu’on a fait avec une équipe Pointe A Pitre/Petit-Bourg, il est venu me dire qu’il aimait bien mon profil et qu’il aimerait bien que je vienne à Aix.

Je me suis dit que c’était une opportunité car à l’époque pour intégrer l’INSEP il fallait obligatoirement passer par le Pôle France. J’étais quand même un peu réticente par rapport au fait de quitter mon île et de partir seule vivre dans un internat.

« À ce moment-là, je sais que je pars pour un projet à très long terme »

Quelles sont tes craintes ou appréhensions à ce moment-là ?

MG : J’avoue que la peur d’être seule s’est effacée assez vite car on a eu la chance de partir à deux. Laura LETICEE est partie en même temps que moi donc on était deux et on s’est soutenu mutuellement.

C’est plus le fait qu’on soit loin de sa famille, qu’on ne puisse pas appeler maman tous les jours si on n’est pas bien ou si on est malade. Le décalage horaire n’aide pas non plus. La difficulté était plus de ce côté-là.

En terme de climat ou de températures, Aix c’est le sud donc ça ne me faisait pas trop peur.

J’ai aussi de la chance car j’ai de la famille dans l’hexagone, j’ai mes deux frères, un oncle et une tante donc les week-ends j’essayais de monter à Paris dès que possible. Ça a compté aussi dans la décision car finalement je n’étais pas complétement seule en quittant la Guadeloupe et l’adaptation s’est plutôt bien passée pour moi.

Comment on gère cette prise de décision quand on a 16 ans ?

MG : Je crois qu’il y a eu 2 mois entre la proposition et ma réponse donc j’ai pu bien réfléchir. Evidemment on en parle avec la famille, mes parents surtout. Ma mère me suit quoiqu’il arrive et si elle savait que ça aurait été une mauvaise chose pour moi, elle ne m’aurait pas laissé partir. On a parlé aussi avec l’autre escrimeuse sollicitée car elle était plus réticente que moi. C’est moi qui lui disait « t’inquiète pas, on a une opportunité donc on y va et on donne le maximum ! Ensuite on verra ! ». On s’est toujours beaucoup soutenu et encore aujourd’hui, même si elle a dû arrêter l’escrime, on est toujours là l’une pour l’autre.

Te souviens-tu du jour de ton départ ? Comment l’as-tu vécu ?

MG : oui je m’en souviens ! J’étais triste. Mes cousins et cousines étaient là, ce sont les gens avec qui j’étais tout le temps. J’étais triste de ce dernier jour et triste de quitter ma grand-mère, ma mère et toute ma famille. Le jour du départ je m’en rappelle c’était en Août, vers le 11/12, j’avais le cœur lourd, j’ai pleuré dans l’avion parce que je me suis dit que je partais définitivement et que je n’allais plus revoir ma famille tout de suite.

A ce moment-là, je sais que je pars pour un projet à très long terme et que le seul moyen de rentrer ce sera les vacances. 

Ma décision était réfléchie, j’ai beaucoup pensé à ce départ. Je me suis dit « si tu pars ce sont des sacrifices mais l’escrime c’est ta passion donc si tu le fais tu sais pourquoi tu le fais ». Mes parents ont toujours été derrière moi et m’ont toujours accompagné donc je continue à faire le maximum pour qu’ils soient fiers.

Quels sont tes objectifs quand tu prends cette décision ?

MG : Au moment de partir, les objectifs sont l’équipe de France, les championnats d’Europe, les championnats du Monde et pourquoi pas plus. Et jusqu’à maintenant, j’ai toujours les mêmes ambitions et Dieu merci mon intégration s’est super bien passée. Dès ma première année, je suis rentrée en Equipe de France, j’ai participé aux championnats d’Europe (bronze), je participe aux championnats du Monde (1/4 de finale) et je suis sélectionnée pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse donc franchement pour une première année c’était extraordinaire.

Concrètement, comment se sont passés les premiers mois pour toi ?

MG : Les premiers mois, j’ai essayé de m’adapter au maximum, l’intensité n’était pas la même qu’en Guadeloupe donc il fallait vite se mettre au niveau. On a eu du soutien pour ça, les entraîneurs étaient attentifs à nous, les 2 guadeloupéennes du groupe. On a dû s’adapter à tout car la façon de s’entraîner et les installations ne sont pas les mêmes. Là-bas, tu as tout, tu as une salle de 20 pistes donc tu tires tout le temps alors qu’au CREPS en Guadeloupe on avait que 4 pistes donc il fallait alterner dans le groupe. L’intensité n’est donc pas la même dans une séance. Les leçons avec les Maîtres d’Armes n’étaient pas les mêmes non plus. Donc il a fallu s’adapter et, au final, j’ai passé de belles années au Pôle France.

A ton arrivée au Pôle France, y avait-il un suivi spécifique pour les athlètes ultramarins ? La question du départ et de l’éloignement étaient-ils pris en compte ?

MG : Un suivi spécifique pour les ultramarins non mais dans le suivi médical, on avait des rendez-vous obligatoires avec le psychologue et si on voulait le voir en plus, on pouvait prendre rendez-vous sans problème.

Le sujet du départ revenait à chaque séance car ils savent qu’on est loin de notre famille et de notre île donc ils étaient attentifs à une éventuelle dépression. On abordait les questions de l’éloignement avec la famille, la température, notre nouvel environnement.

As-tu vécu des moments difficiles ou des moments de doute?

MG : Franchement non, je me suis toujours dit que je suis venue ici pour quelque chose de précis. Je savais que ça serait dur mais je me suis renforcée mentalement au fur et à mesure. Je n’ai jamais eu de gros coups de déprime en me disant que je vais rentrer au pays.

Quand et comment s’est passé ton premier retour en Guadeloupe ?

MG : C’était début juillet donc presque un an après mon départ. J’étais très contente même si c’était un séjour court ; je devais retourner en France pour repartir en compétition. La première chose que j’ai fait, c’est d’aller voir ma grand-mère, j’ai mangé son repas : riz lentilles et poisson grillé ! A chaque retour, je commande auprès d’elle car ici on trouve quelques restaurants antillais mais un repas n’est jamais aussi bon que celui de Mamie ! (rires) Ensuite, je suis allée à la plage et j’ai profité de ma famille et mes amis.

Ce retour a-t-il été un booster ou a-t-il réactivé la difficulté du départ ?

MG : Le retour c’était pour recharger les batteries. Après, évidemment, je me suis dit que la Guadeloupe j’aurais envie d’y rester mais je n’ai pas les mêmes opportunités en Guadeloupe et en France. J’ai donc pris ça comme une source de motivation pour un jour rentrer définitivement en Guadeloupe. Au final, on vient recharger les batteries pour une nouvelle saison en forme et on essaie de profiter au maximum de la plage et du soleil parce qu’arrivé là-bas (NDLR : dans l’hexagone), tout ça, on ne l’a plus.

As-tu à un moment, depuis que tu es installée dans l’hexagone, eu le sentiment que finalement ta vie se construisait loin de chez toi ? 

MG : Pas spécialement. J’ai eu de la chance parce que chaque année je suis rentrée en Guadeloupe. Cette année, c’est la première fois que je ne suis pas rentrée pendant les grandes vacances.

J’ai eu l’occasion de rentrer aussi pour Noël quelques fois donc je ne me plains pas car je sais que certains n’ont même pas la chance de rentrer une fois par an. Mes parents ont toujours tout fait pour me permettre de rentrer une fois dans l’année.

« Vous avez les qualités pour, donc il faut saisir cette chance là et aller jusqu’au bout. »

Huit ans après ton départ, quel bilan dresses-tu de ton parcours?

MG : Le bilan est positif car dès que je suis partie j’ai eu des résultats. Jusqu’à maintenant, même si je suis hors structure, j’ai quand même la chance d’être partenaire à l’INSEP et de pouvoir m’y entraîner en plus du club. J’ai de bons entraîneurs et petit à petit je retrouve mon niveau (après quelques années difficiles) mais aujourd’hui ça va beaucoup mieux. Je n’ai pas de regrets car j’ai fait les championnats d’Europe, les Championnats du Monde, les Jeux Olympiques de la Jeunesse. La seule chose que je n’ai pas connue c’est les Jeux Olympiques et ça reste un rêve. J’espère qu’il deviendra réalité.

L’objectif est maintenant de participer au circuit national, à des coupes du monde et aux grands championnats pour marquer des points et de monter au classement international (NDLR : classement qui détermine les sélections olympiques).

Si tu pouvais revenir en arrière, y a-t-il  quelque chose que tu changerais dans ton parcours ?

MG : Clairement non parce que je suis partie au bon moment, à la bonne période. Je n’ai pas été dans le dur au niveau escrime et je suis satisfaite de mon parcours et de mes résultats.

Si tu devais transmettre un conseil ou un message aux jeunes de Guadeloupe qui sont ou seront sur le départ prochainement ?  

MG : Etre sûr de ce qu’on veut, être motivé, croire en ses rêves et ses objectifs. Si vous êtes là c’est que vous avez les qualités pour, si vous avez été sélectionnés c’est que vous avez les qualités pour, donc il faut saisir cette chance là et aller jusqu’au bout.

Fraîchement diplômée et donc désormais Maître d’armes, envisages-tu de rentrer au pays pour partager ton expérience ?

MG : Depuis que j’ai eu mon diplôme, c’est vrai que c’est quelque chose qui trotte dans ma tête. Le métier de Maître d’Armes demande énormément et étant donné que je suis toujours compétitrice, je dois clairement faire un choix. C’est l’un ou l’autre si je veux bien faire les choses. Donc je vais exercer un peu au sein de mon club et poursuivre ma carrière de compétitrice encore quelques années.

Pour un retour en Guadeloupe, oui c’est sûr que j’ai énormément de projet pour mon île, pour apporter à l’escrime en Guadeloupe et faire sortir d’autres escrimeurs. J’ai un projet pour mon club mais aussi pour la Ligue toute entière pour partager avec tout le monde. C’est mon objectif de pouvoir rentrer au pays avec de l’expérience en tant que Maître d’Armes si possible pour participer au développement de l’escrime en Guadeloupe.

J’ai donc encore quelques années devant moi ici avant de pouvoir rentrer donc j’espère faire une belle fin de carrière en tous cas. Dès qu’elle se terminera oui ce sera retour en Guadeloupe avec tous mes diplômes pour enseigner. J’ai d’ailleurs l’intention d’ici là de passer le DESJEPS qui permet d’entraîner dans les pôles ou à l’INSEP. Mon objectif serait de pouvoir pourquoi pas entraîner au CREPS en Guadeloupe un jour.

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