Nehanda THOMIAS: L’Espagne pour franchir un nouveau cap

Nehanda THOMIAS:  L’Espagne pour franchir un nouveau cap

Après une médiatisation remarquée au niveau local et après avoir trouver du soutien, Néhanda THOMIAS poursuit son parcours et prend son envol. Classée « zéro », ce qui la positionne dans l’antichambre du tennis professionnel, la jeune joueuse vient de rejoindre l’Académie Bruguera à Barcelone pour passer un nouveau cap. Échanges de fond de court avec une pépite du tennis guadeloupéen !


Peux-tu nous expliquer comment une jeune guadeloupéenne de 16 ans décide de poser ses valises et ses raquettes à Barcelone ?

NT : Avec mes parents, on a réfléchi à cette question du départ parce que je n’ai plus assez d’adversité en Guadeloupe pour poursuivre ma progression. J’ai d’abord visité l’académie de Tsonga, la All In Academy à Lyon ; c’était bien mais j’ai préféré partir à l’étranger. Du coup, mon choix s’est porté sur l’académie Bruguera à Barcelone que m’avait conseillé mon entraîneur.

 

Pourquoi as-tu choisis cette académie en Espagne ?
En plus de partir à 8 000 kms, tu ajoutes la barrière de la langue ?

NT : Justement, ça va me permettre de découvrir de nouvelles choses et j’ai préféré aller en Espagne car on joue beaucoup plus sur terre-battue. En Guadeloupe, il y a peu de terrains en terre-battue. J’ai préféré partir en Espagne pour aussi avoir l’opportunité d’apprendre la langue et découvrir une autre culture.

Quelle organisation avez-vous mise en place avec tes parents ?

NT : L’idée c’est que je m’installe un an en Espagne. Ensuite on verra. Par contre, je ne veux pas rester une année entière là-bas et ne pas revenir en Guadeloupe. Je vais donc faire des blocs d’entraînements d’un ou deux mois à l’académie avec quelques tournois et ensuite je reviendrai m’entraîner en Guadeloupe pour être aussi à la maison. Les tournois auxquels je participerai seront essentiellement des tournois ITF Juniors (International Tennis Federation).

Cette organisation engendre forcément un coût important. En décembre dernier, tu as été médiatisée en Guadeloupe par rapport à cette question.
As-tu reçu beaucoup de soutien ?

NT : Oui, suite à ce qui a été diffusé en décembre, j’ai reçu du soutien de pas mal de personnes donc ça va m’aider. Je les remercie car ça va me permettre de partir faire pas mal de tournois pour marquer des points et rentrer dans le classement ITF Juniors.


Comment abordes-tu ce départ sur le plan psychologique ?
As-tu eu des craintes ou des appréhensions ?

NT : Le jour de mon arrivée à l’académie, ça a été un peu compliqué car je n’arrivais pas trop à communiquer.

Je ne parle pas du tout espagnol donc c’est difficile pour échanger avec les autres. Depuis, j’ai appris quelques mots d’espagnol et je commence à prendre ma place. Du côté des entraînements, tout se passe bien.

Je n’ai pas forcément de craintes parce que je sais que ça ne pourra que me faire progresser. Si j’étais restée en Guadeloupe, malheureusement je sais que je n’aurais pas pu continuer à progresser. Après, j’essaie de ne pas trop penser à ce qui pourrait arriver ou ne pas arriver. Je me concentre sur mes objectifs et je me projette sur le long terme.


Même si ton arrivée à l’académie est très récente, y a-t-il une grosse différence dans la façon de s’entraîner et les charges de travail vont-elles te demander un temps d’adaptation ?

NT : En Guadeloupe, j’avais entre 4h00 et 4h30 d’entraînement par jour. Ici, je passe à 6h00 ou 6h30 d’entraînement par jour. Ça comprend les séances de préparation physique et les séances de Tennis. Par rapport à la façon de s’entraîner, en Espagne on fait beaucoup plus d’exercices au panier donc beaucoup plus de répétitions. On passe aussi plus de temps sur les mêmes exercices. Au niveau de l’intensité, je tiens le rythme, ça va.


Aurais-tu un message aux autres jeunes qui manquent d’adversité en Guadeloupe dans leur discipline et qui se posent la question du départ ?

NT : Je pense que c’est une décision à prendre avec sa famille et qu’il faut beaucoup y réfléchir. Ce n’est pas parce que certains partent qu’il faut absolument partir. Il faut surtout être prêt mentalement, être prêt dans sa tête et avoir des objectifs clairs.


Comment on sait qu’on est prêt dans sa tête ?

NT : Personnellement, je sais que je suis prête parce que j’ai gagné en maturité, j’ai beaucoup plus confiance en mon jeu et en mes objectifs. Donc je sais pourquoi je pars. Mes parents m’avaient déjà posé la question de savoir si je voulais partir il y a deux ou trois ans. J’avais répondu que je ne voulais pas partir parce que je ne me sentais pas trop en confiance, je n’avais pas encore assez confiance en mon jeu.

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