Sylvain Fostin.
Sylvain Fostin, le directeur technique de la Fédération guadeloupéenne de Taekwondo, n’a qu’une ambition : décrocher un titre mondial. Cet ancien champion a toujours évolué en Guadeloupe et a toujours prôné les atouts de l’entraînement local. Devenu entraîneur, il a créé la Black Spirit Academy, devenue un des piliers de la Guadeloupe Taekwondo Association, fédération indépendante depuis 2011, qui permet à notre archipel d’être reconnu comme une nation à part en entière par la Fédération mondiale. Tim’s Magazine a rencontré ce Guadeloupéen corps et âme.
TIM’s : Pourquoi avoir créé la Black Spirit Academy ?
Sylvain Fostin : Black Spirit Academy, c’est une académie qui regroupe plusieurs clubs situés à Saint-François, au Moule, aux Abymes et au Lamentin. Il existe plusieurs autres académies en Guadeloupe. Mais la fédération en elle-même reste la Guadeloupe Taekwondo Association, qui est devenue une fédération indépendante le 30 avril 2011.

TIM’s : Au niveau international, vous revendiquez représenter d’abord la Guadeloupe et pas forcément la France, pourquoi ce choix inhabituel?
S.F. : C’est une idée qui m’est venue avec l’expérience. Pendant plusieurs années, j’ai été l’un des meilleurs taekwondoïstes français, j’ai combattu dans les divisions de très haut niveau mais je n’ai jamais été sélectionné en équipe de France, parce que je ne voulais pas m’entraîner en France. Je ne voulais pas quitter la Guadeloupe pour évoluer en France car j’avais ma vie ici. Ce choix m’a porté préjudice. Donc, j’ai essayé de contourner cet obstacle en évoluant dans la Caraïbe en tant que French Caribbean. Grâce à mes performances, j’ai pu rencontrer et échanger avec des coaches nationaux qui m’ont demandé pourquoi la Guadeloupe n’évoluait pas officiellement sur le continent américain ? Dès lors, se sont engagées plusieurs démarches politico-sportives pour affilier notre île à la zone panaméricaine, ce qui nous a permis d’accéder à la fédération mondiale. Donc, depuis le 30 avril 2011, nous représentons la Guadeloupe dans la zone panaméricaine et au niveau mondial. Maintenant la Guadeloupe peut montrer sa culture, son style, son savoir-faire en tant que nation.
TIM’s : De ce fait, les taekwondoïstes que vous formez peuvent-ils accéder aux championnats français ?
S.F. : Il faut savoir qu’il y a la ligue, qui est un organe de la Fédération Française avec laquelle on n’a pas coupé les ponts, car ce n’était pas l’objectif. Mais on a en parallèle la Fédération Guadeloupe Taekwondo association qui représente notre île à l’international. La ligue représente la Guadeloupe au niveau national, donc les athlètes qui veulent participer aux championnats de France peuvent passer par ce moyen. Les Championnats de la Guadeloupe organisés par la ligue sont qualificatifs pour les championnats de France, de la Caraïbe, de la zone panaméricaine et du monde. L’autre spécificité de la Fédération est que nous sommes ouverts à la diaspora guadeloupéenne, c’est-à-dire qu’un Guadeloupéen vivant au Canada, aux USA, en Chine, en France ou ailleurs, peut se licencier chez nous et représenter la Guadeloupe à l’international.
TIM’s : Quels sont vos objectifs ?
S.F. : Notre objectif primordial est de décrocher une médaille mondiale, car nous avons déjà eu une médaille panaméricaine. Un titre mondial nous permettrait d’être reconnus, faciliterait les échanges pour contribuer à une politique sportive mondiale. Nous pourrons accueillir du monde, créer des camps d’entraînements, travailler avec d’autre nation et nous autofinancer.
- Yvan LEMARE