A 73 ans, Dominique Hédreville vit
sa passion de la course à pied depuis
plus de vingt ans. Et il ne compte
pas s’arrêter de sitôt, même si du
fait de son âge, il sait qu’il va pro
–
gressivement lever le pied.
Comme beaucoup d’enfants et de jeunes,
Dominique courait avec plaisir au temps de
sa jeunesse. Puis à dix-neuf ans, à quelques
kilomètres de son domicile, c’est l’accident.
Il perd l’usage de son bras droit. « Cet acci
–
dent ne m’a pas empêché de vivre ma vie,
raconte-t-il, de connaître différentes expé
–
riences professionnelles. J’ai toujours voulu
aller de l’avant. Le temps a passé et un jour,
j’ai vu passer une course à pied où il y avait
ce que, dans le temps, l’on appelait des
« grandes personnes », c’est-à-dire des personnes âgées. Je me suis dit, si eux ils le
font, pourquoi pas moi » ?
Dominique est alors âgé de 52 ans. « J’ai
essayé en me disant que je pourrai courir
comme du temps de ma jeunesse, avant mon
accident. J’ai mis une écharpe pour soute
–
nir le bras accidenté.
Je me suis adapté et
depuis, je me suis mis
à la course à pied ».
Mais c’est un sport exi
–
geant et difficile, surtout quand on est handicapé dans la course
par un bras invalide. « Je dois en permanence
tenir mon bras droit à l’aide de mon bras
gauche. C’est un déséquilibre, mais quand
on a envie, on doit savoir souffrir pour se faire
du bien. Et ensuite, dans les courses que je faisais, j’étais fier de finir devant de jeunes
coureurs valides. Et jusqu’à maintenant, mal
–
gré mes 73 ans, je finis encore devant beau
–
coup de jeunes. Je garde mon rythme en
course et c’est déjà pour moi une grande
satisfaction. »

« Fier de finir devant de jeunes coureurs valides »
Dominique nous fait voir son armoire à tro
–
phées, si remplie qu’il ne peut plus rien y
mettre. Aujourd’hui, il s’entraîne encore trois
fois par semaine, par amour de la course à
pied, un sport qui rythme sa vie depuis vingt
et un ans. « Si un jour je ne peux plus courir,
que vais-je faire ? C’est une question que
je me suis souvent posée. C’est vrai que je
m’occupe de mon jardin, de mes plantes et
de ma maison depuis que je suis à la retraite,
mais la course c’est ma passion. Malgré mon
lourd handicap, je continue, même si je
vais progressivement diminuer les compé
–
titions car il n’y a plus de coureurs de mon
âge. C’étaient des collègues, on rigolait sur
la ligne de départ, on s’amusait à l’arrivée.
Je prends encore du plaisir et j’ai beaucoup
de supporters, étonnés de me voir évoluer
malgré mon handicap ».
C’étaient des collègues, on rigolait sur
la ligne de départ, on s’amusait à l’arrivée.
Je prends encore du plaisir et j’ai beaucoup
de supporters, étonnés de me voir évoluer
malgré mon handicap ».
Dominique a couru trois fois le semi-ma
–
rathon de Paris, trois fois celui de Fort-deFrance, de nombreuses fois aux
Abymes. Son seul
petit regret, c’est de
n’avoir pu courir un
marathon. « Mais…
il n’est jamais trop
tard, conclut-il. C’est
quelque chose que j’aurai dû essayer. La
course à pied me rend si heureux que je
courrai jusqu’au bout ».
————————— William Joas