Le parcours du revival

Le parcours du revival
Au Lamentin, à la maison des aînés « La Joie de Vivre »

Chaque année, le cancer menace un peu plus la santé des Guadeloupéens. Les chiffres du registre du cancer font état d’un peu plus de 1 500 nouveaux cas par an. Le chemin de la guérison, pour ceux qui l’empruntent, est long et difficile, mais le sport est un allié de taille.

En mitraillant l’organisme afin de cesser la mitose* des cellules endommagées, la chimiothérapie jette le corps sur le champ d’une bataille qu’il n’est pas sûr de remporter. Éprouvante aussi pour l’esprit, elle est pourtant un rempart contre la maladie. Mais quand l’organisme en sort, tout y est chamboulé, les voyants sont au rouge, les muscles ankylosés, les défenses immunitaires sont faibles, et la fatigue ne semble plus vouloir lâcher prise. Et pourtant, la vie continue. Il faut interagir, se resocialiser, essayer de trouver un emploi, se réinsérer tout simplement. En 2006, sur le plan national, des groupes tests ont été constitués afin de savoir quels étaient les effets du sport sur un patient en rémission du cancer. « À l’issue de ce test, il a été prouvé qu’en fonction de l’intensité, de la régularité et des exercices proposés, l’activité physique avait un réel impact sur la rémission et le mental de la personne atteinte de cancer », dévoile Audrey Gaspard, éducatrice sportive auprès de la fédération de gym volontaire de Guadeloupe.

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Au Lamentin, à la maison des aînés « La Joie de Vivre », un petit groupe d’une dizaine de femmes profite du programme de la fédération de gym volontaire de Guadeloupe.

Les résultats sont positifs aussi dans le secteur de la fatigue, de la qualité du sommeil et de la capacité à encaisser le traitement de la rémission. Dès lors, le concept gym après cancer est validé. Au Lamentin, à la maison des aînés « La Joie de Vivre », un petit groupe d’une dizaine de femmes profite du programme. Entre rires et concentration, elles redeviennent, peu à peu, maîtresses de leurs sens.

Un corps à conquérir

Dans ce cours, tout est une victoire. Une jambe levée plus longtemps, un mouvement réussi 1 minute. Ce qui est du domaine de l’acquis pour tant d’autres devient une conquête pour elles. « Une fois sorti de la chimio, le corps est plein de toxines, on ne sent plus rien, les muscles sont complètement relâchés. Les fourmillements, les crampes, l’engourdissement deviennent les maux quotidiens. Les mains se bloquent, rien ne va. Après le sport, je me sens plus souple, et puis, je suis moins complexée et plus détendue », résume Danielle, en rémission d’un cancer du sein. Ensemble, les femmes réapprennent à aimer leur corps, mais aussi trouvent les bons mots pour discuter de la maladie. « Le cancer isole. On perd son emploi, il fait peur à la famille, on ne voit plus ses amis parce qu’on est incapable de sortir. Ici, dans ce groupe, les femmes reprennent goût à la vie en société et cela a un rôle déterminant sur le mental. » Les rires qu’Audrey Gaspard doit parfois gentiment arrêter pour expliquer un exercice en témoignent. « Ici, on parle d’autre chose, et puis je sors de chez moi, je vois du monde, on rigole, on échange, on discute, c’est tellement bien. Pour le sport, je fais comme je peux et je vois tous les jours les bienfaits », se réjouit Francette, une autre patiente du groupe. Le sport, comme une passerelle vers un retour à la normale, un chemin devenu indispensable pour ces survivantes.

*Processus naturel de division cellulaire. Dans le cas du cancer, ce sont les cellules malignes qui se multiplient et donc menacent l’intégrité de l’organisme.
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