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Basse-Terre, centre de formation des guerrières en bleu - TIM's Magazine

Basse-Terre, centre de formation des guerrières en bleu

Basse-Terre, centre de formation  des guerrières en bleu
© Fred Sapotille

Orlane Kanor, Jannéla Blonbou, Méline Nocandy, toutes des joueuses de l’équipe de France qui ont évolué au Pôle Espoir de Basse-Terre. Cette structure reconnue pour ses qualités de formation, accueille depuis 2017 l’un des 14 sites d’excellence sportive créés par la FFHB, Fédération Française de Handball. Ce site d’excellence réunit les meilleures jeunes handballeuses des Antilles-Guyane, avec pour objectif de permettre à ces jeunes d’atteindre l’élite du handball français et renouveler l’équipe de France.

Neuf jeunes filles, quatre Martiniquaises et cinq Guadeloupéennes, font partie de ce site d’excellence de Guadeloupe situé au lycée Gerville Réache de Basse-Terre. Elles sont âgées de 15 à 17 ans et ont été sélectionnées parmi les meilleures joueuses des sites d’accession de la zone Antilles-Guyane par le Conseiller Technique Interrégional de handball, Francis Malinur : « En général, ces jeunes filles sont issues des sélections de moins de 14 ans mais ce sont les qualités détectées qui sont prises en compte. Il y a des critères morphologiques, on pense souvent aux grandes mais il y aussi des morphologies dites atypiques de joueuses plus petites mais avec une vivacité, une mobilité impressionnantes. On prend les gauchères qui ont du potentiel en priorité car elles sont rares. Il y a aussi les qualités physiques et la culture du jeu. Ce sont sur ces éléments que l’on décide de l’entrée en site d’excellence ». Une fois cette sélection validée par la direction technique nationale, les jeunes filles sont inscrites sur les listes d’espoir ministériel, l’antichambre du statut de sportif de haut niveau.

Travail et rigueur

Vient la prise en charge par un staff technique composé de Francis Malinur, de deux entraîneurs, d’un préparateur physique et mental, qui a pour mission de les perfectionner. Chaque semaine, les joueuses ont trois entraînements physiques et de renforcement musculaire ainsi que trois entraînements de handball axés sur les fondamentaux tactiques et techniques. Ces séances peuvent être collectives ou individualisées. « C’est très chargé, on doit se réveiller tôt, il faut gérer les cours et les entraînements et ce n’est pas évident. Si on n’a pas le rythme, si on ne s’organise pas ça devient difficile. Ça nous demande une certaine organisation et surtout beaucoup d’autonomie » affirme Karelle Virginius, arrière et demi-centre de l’Étoile de Morne-à-l’Eau, arrivée au site d’excellence en 2017. « Au début, c’était difficile pour moi mais je me suis adaptée. Ce n’est pas le même niveau, les filles ont plus d’expérience, plus de gabarit mais je fais de mon mieux pour progresser et atteindre mon objectif, l’équipe de France. » nous confie timidement, Tiffanie Mompoint joueuse originaire du pôle d’accession de la Martinique arrivée cette année.
Un suivi médical est aussi organisé. Pour valider l’entrée à ce site, une série d’examens obligatoires (cardiaque, panoramique dentaire etc.) est effectuée au service médical du CREPS Antilles-Guyane puis deux autres sont programmées avant la fin du 1er et du 3e trimestre scolaire. Une fois par semaine, un médecin dédié au pôle vient lors des entraînements. Un kinésithérapeute intervient deux fois par semaine lors des entraînements mais aussi au lycée Gerville Réache où elles sont basées.
Du point de vue sportif, ces jeunes filles jouent au plus haut niveau local en senior. Les joueuses venues de la Martinique bénéficient d’une double licence qui leur permet de jouer dans un club du championnat martiniquais et guadeloupéen mais elles ne peuvent participer aux play-offs de la Guadeloupe.

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Karelle Virginius et Tiphanie Mompoint. © Fred Sapotille
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© Fred Sapotille

Le double cursus toujours obligatoire

Ces jeunes joueuses sont avant tout des élèves et elles ont une vie scolaire normale à l’exception qu’elles terminent tous les jours à 16h pour l’entraînement. En plus de l’équipe professorale classique, il y a un professeur référent, un CPE (Conseiller Principal d’Éducation), deux assistants d’éducation dédiés au site d’excellence pour le soutien scolaire du soir et à l’aide personnalisée. Un système de soutien scolaire assuré par différents professeurs a été instauré. « Il y a une continuité scolaire qui est obligatoire, quand elles partent en compétitions ou pour les stages nationaux. Un accompagnement a été organisé pour qu’elles reçoivent leurs cours par mail, WhatsApp, via le professeur référent ou les entraîneurs nationaux qui les accompagnent. L’objectif est de leur permettre d’obtenir le Bac et pour le moment nous avons un bon taux de réussite avec 80 % tous bacs confondus mais 100 % aux bacs généraux. » se félicite Gina Saint-Phor, déléguée académique à l’action sportive faisant fonction d’inspecteur pédagogique régional en EPS.

Cette nouvelle entité a été créée par la FFHB suite à la réforme des territoires et du sport de haut niveau de 2016. Avant ces réformes, la FFHB avait un Pôle espoir dans chaque région, avec les nouvelles directives gouvernementales, elle a élaboré un nouveau projet de performance fédérale 2017-2021. Pour la filière féminine, ce projet instaure deux entités les sites d’accession dans tous les Pôles espoir existants déjà et un seul site d’excellence sportive pour chaque nouvelle région de l’hexagone. Pour la zone Antilles-Guyane, il y a donc un Pôle espoir avec un site d’accession au François en Martinique, un devrait voir le jour en septembre 2019 à Cayenne en Guyane et un Pôle espoir avec un site d’accession et un site d’excellence à Basse-Terre en Guadeloupe. Cette structure peut accueillir de 9 à 16 joueuses. Avec l’installation de ce site d’excellence, le Pôle espoir de Guadeloupe déjà financé par la DRJSCS, direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, la FFHB et le Conseil Régional reçoit des subventions ou des dotations supplémentaires pour avoir un budget total d’environ 70 000€. La labellisation du site d’excellence est valable jusqu’en 2020 et pourra être renouvelée ou pas après évaluation de la Fédération Française de Handball.

À la fin de cette formation au site d’excellence, ces joueuses ont comme perspective l’intégration à un centre de formation pour devenir des joueuses professionnelles pour certaines. Pour celles qui n’intègrent pas de centre de formation, elles pourront intégrer une équipe de D2 grâce à des conventions encadrées par la DTN. Tous les contrats signés dans ce cadre sont déposés à la Fédération avec le paiement d’une caution de 830 € pour permettre aux antillo-guyanaises de revenir dans leur région en cas d’échec. Pour le moment, le site d’excellence Guadeloupe enregistre de bons résultats. Cette année, quatre pensionnaires ont déjà décroché un stage national dont une a été retenue en équipe de France junior et une autre a été approchée par des centres de formations.

INTERVIEW CROISÉE

Éric Barada

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Éric Baradat.

Entraîneur national en charge du projet de performance fédérale Féminin, entraîneur de l’équipe de France U20 et membre du staff de l’équipe de France A.

À la fin de cette formation au site d’excellence, ces joueuses ont comme perspective l’intégration à un centre de formation pour devenir des joueuses professionnelles pour certaines. Pour celles qui n’intègrent pas de centre de formation, elles pourront intégrer une équipe de D2 grâce à des conventions encadrées par la DTN. Tous les contrats signés dans ce cadre sont déposés à la Fédération avec le paiement d’une caution de 830 € pour permettre aux antillo-guyanaises de revenir dans leur région en cas d’échec. Pour le moment, le site d’excellence Guadeloupe enregistre de bons résultats. Cette année, quatre pensionnaires ont déjà décroché un stage national dont une a été retenue en équipe de France junior et une autre a été approchée par des centres de formations.

Sébastien Gardillou

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Sébastien Gardillou.

Entraîneur national adjoint de l’équipe de France A.

Nous avons la chance d’avoir des joueuses ayant des qualités physiques recherchées dans le contexte international. Il y a un ensemble de joueuses guadeloupéennes présentant des profils que nous n’avions pas en équipe de France. Nos attentes, c’est d’avoir des joueuses qui jouent simplement avec la véritable capacité d’exploitation de leurs potentiels. On sait que les Antilles-Guyane sont des viviers forts qu’on se doit d’exploiter de la meilleure des façons. On est très attentif à ce qui se passe ici. Nous sommes très contents du travail qui a été engagé précédemment parce qu’à l’heure actuelle les Antilles et particulièrement la Guadeloupe, nous offrent des joueuses dans le contexte international qui n’ont pas d’équivalent.

Une labellisation encore fragile

Quelques menaces planent sur le renouvellement de la labellisation du site d’excellence de Guadeloupe. Tous les sites d’excellences doivent répondre à un cahier des charges précis imposé par la FFHB. Pour le moment plusieurs manquements sont constatés.
Les joueuses de site d’excellence doivent avoir un gymnase dédié pour leurs entraînements mais le manque de structures les oblige à partager les gymnases de la Gauloise de Basse-Terre et le gymnase de Saint-Claude avec les sites d’accession féminin et masculin du Pôle espoir. Lors de la création du site d’excellence, le gymnase de Rivière des Pères avait été choisi mais malgré le coup de gueule de Didier Dinart, malgré les rencontres avec les autorités, les responsables politiques et les représentants de la Fédération, cette infrastructure n’a toujours pas été mise à disposition. Conséquence, il n’y a pas assez de créneaux disponibles et le nombre d’heure d’entraînement pour le site d’excellence est insuffisant. Selon le cahier des charges fédéral, les pensionnaires du site d’excellence doivent avoir au moins 12 à 14 heures d’entraînement obligatoires par semaine. Jusqu’à maintenant elles ne s’entraînent que 10 heures par semaine. Ces deux manquements majeurs peuvent peser négativement lors de la prochaine évaluation des sites d’excellences par la FFHB. Le label site d’excellence a été attribué jusqu’en 2020. Si ces deux points essentiels n’ont pas été réglés d’ici là, le site d’excellence de Guadeloupe pourrait disparaître.

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