Journée International des droits de la Femme

Journée International des droits de la Femme

©Photosportnormandy

Le mois dernier avait lieu la Journée Internationale des Droits des Femmes. Nous avons donc souhaité mettre en lumière dans ce numéro quelques unes de celles qui, au quotidien et à leur niveau, font vivre le sport féminin en Guadeloupe. Rencontre avec trois femmes pleines d’énergie et aux caractères bien trempés.

Aminata BORY

C’est à l’âge auquel de nombreux sportifs raccrochent, qu’Aminata Bory, s’est lancée à corps perdu dans le sport. A 30 ans, après des années passées à éviter terrains et courts, elle découvre les arts martiaux, poussée par ses parents, déjà pratiquants. Elle a eu un véritable déclic. D’abord l’épée chinoise, puis le Viet Vo Dao et le Taï Chi, pendant plusieurs années. Jusqu’à, ce séjour en famille dans un hôtel à Saint-François. A la recherche d’activités, Aminata et ses parents s’essayent au tir à l’arc. Et tous trois tombent sous le charme de ce sport de précision. 21 ans après, Aminata est toujours au rendez-vous sur son terrain de tir, à Bas-du-Fort, au Gosier. C’est dans un cadre magnifique, « le plus beau du monde » , selon Lionel Torres, numéro un mondial, non loin de la mer, entourée de cocotiers, qu’elle s’entraîne régulièrement, en compagnie des autres tireurs du club des Archers du Gran Gozié. Un cadre qui favorise sûrement les bonnes performances. Car dès ses débuts, les résultats sont là et son coup de cœur pour ce « loisir compétitif » comme elle l’appelle, se confirme. Si elle reste modeste, il est évident qu’Aminata est douée.

« Le tir à l’arc demande vraiment beaucoup de concentration, plus que de viser. Il faut reproduire exactement les mêmes gestes, c’est ça qui est le plus dur. être en mode robot, la moindre petite variation fait varier la flèche. Une main trop serrée sur la poignée de l’arc, crée une variation, chaque geste à son importance »

Ses multiples titres de championne de Guadeloupe, peuvent en attester. Elle vous dira « qu’il n’y avait pas beaucoup de concurrence à cette époque », mais son humilité n’efface en rien son talent. Et même si elle se dit « en phase descendante », elle continue, à presque 52 ans, de figurer parmi les meilleurs archers de l’archipel. Aujourd’hui, la science du tir à l’arc n’a plus aucun secret pour elle. Depuis 2007, et l’obtention de son Brevet d’État de tir à l’arc, elle enseigne la discipline.

A ses élèves, elle apprend l’absolue nécessité de maîtriser son corps.Et c’est toujours avec le sourire qu’elle retrouve son arc, même si en ce moment, c’est plus compliqué. « Je tire moins bien mais ça m’amuse toujours autant. Je fais de la compétition, quel que soit le résultat. Même quand je perds, ce n’est pas grave » conclue-t-elle avec le sourire. « Ce qui est bien, c’est qu’il n’y a pas vraiment d’âge. Ma mère, à plus de 80 ans, continue de tirer. Elle adore ça et fait de la compétition ». Un exemple qu’elle se verrait bien suivre.

Viviane MELANE-ROMAND

Chef d’entreprise, à la tête d’un bureau d’études dans le bâtiment, Viviane Mélane-Romand, 59 ans, vit chaque jour, selon ce précepte. « Le sport, c’est mon café, mon petit-déjeuner, mon déjeuner et mon dîner ».Viviane aime à dire qu’elle a « découvert l’athlétisme sur le tard ». Et c’est un événement douloureux qui change tout, en 2001. Viviane ressent alors le besoin d’oublier, de s’évader. Et contre toute attente, elle rejoint le mouvement culturel Akiyo. Le groupe est bien connu pour débouler à une cadence soutenue. C’est exactement ce dont elle besoin, c’est sa thérapie. Elle marche avec eux pendant le carnaval et finit par marcher sans eux, le reste de l’année. Elle commence la marche active, puis la marche athlétique, devient même l’une des meilleures marcheuses de Guadeloupe. A tel point qu’elle s’entraîne avec les hommes. Jusqu’à ce que des amis l’invitent à pratiquer la course sur route. Ce qu’elle accepte, toujours prête à relever un nouveau défi. Elle s’investit à fond et participe à de grandes courses, 5km, 10km, 15km, le semi-marathon de Fort-de-France, le premier semi-marathon des Abymes, le Relais Inter-Entreprises.

Et c’est tout naturellement que Viviane découvre le trail et se lance dans une nouvelle aventure sportive. Depuis 2012, elle est présidente de l’Unité Sainte-Rosienne Athlétisme, un club pour lequel Viviane ne compte pas les heures. Jamais à court d’idées, Viviane a lancé le groupe Athlé santé et bien-être. Trois fois par semaine, une quinzaine de femmes licenciées, entre 40 et 65 ans pratiquent la marche à pied, la marche nordique et font des activités physiques.

Car pour Viviane, l’athlétisme, ce n’est pas que de la compétition, « c’est aussi se faire plaisir ou prendre soin de soi ». Un engagement sportif qui a convaincu. Viviane Mélane-Romand, présidente, première vice-présidente de la Ligue d’athlétisme et présidente de la commission « running », entraîneur adjoint « running », est également, depuis juin 2020, élue déléguée au Sport, à la ville de Sainte-Rose. Une nouvelle casquette qui lui sied à merveille.

« Je suis une femme sportive, déterminée. Pour moi, il faut se donner les moyens de réussir » clame-t-elle. Des mots qui l’accompagnent toujours. Qu’elle soit sur les chemins de randonnée, en train de pratiquer la marche nordique, ou encore en coachant ses licenciés, Viviane vit sa passion à 100%. Avec un dernier rêve, que chaque enfant de Sainte-Rose puisse avoir accès au sport.

 

Jill et Ady BRUMIER

Elles sont le seul équipage féminin du championnat de la Guadeloupe de rallye. Jill Brumier, 34 ans et Ady Brumier, 25 ans, sont sœurs et passionnées par ce sport automobile. Et elles ont de qui tenir. Filles d’un ancien pilote, compagne d’un autre pilote pour l’une d’elles, la vitesse, la précision, les sensations fortes, elles y sont accro ! A l’instar d’Obélix, tombé dans une marmite de potion magique quand il était petit, Ady et Jill ont baigné dès leur plus jeune âge dans le milieu. C’est leur père, Yves Antoine Brumier, pilote de rallye, qui leur a transmis le virus de la course. D’abord à Ady, la benjamine. Jill, quant à elle, est plutôt intéressée par le karting.

« J’aurais aimé faire des courses sur terre mais le circuit de Bellevue a fermé l’année où je suis rentrée en Guadeloupe.Nous avions juste eu le temps de prendre un ou deux cours sur terre avec notre moniteur de pilotage, Gary Maya » explique-t-elle. Enthousiasmées par cette première expérience, les deux sœurs décident de former un équipage. « Je rigole souvent en disant qu’on m’a mise dans la voiture pour la surveiller, puisque je suis là plus âgée. Ce n’est peut-être pas très éloigné de la réalité » confie Jill. Les deux femmes se lancent en 2016. Tour à tour, pilote et copilote, elles découvrent la compétition et échangent volontiers de baquet (siège) pendant les rallyes.

Nous alternons, soit en fonction des rallyes, soit en fonction des jours ou des spéciales au cours d’un même rallye. t cette plongée dans un monde où les hommes sont omniprésents n’a pas été sans mal. Interrogée par d’autres médias, Ady expliquait avoir dû parfois essuyer quelques remarques et moqueries. Même si dans l’ensemble, l’accueil a été plutôt chaleureux. Ce que confirme Jill : « Le regard des hommes oscille entre bienveillance, amusement et condescendance. La plupart du temps, ils sont contents de nous avoir parmi eux, de nous aiguiller, d’échanger avec nous sur leurs expériences et leurs ressentis. Parfois, les remarques se font un peu plus moqueuses.

« Le regard des hommes oscille entre bienveillance, amusement et condescendance »

Les réflexions sexistes sont assez rares, même si on nous a demandé de faire un strip-tease à notre premier rallye ». Et que l’on soit femme ou homme, le rallye est un sport onéreux. Il faut donc savoir trouver des sponsors, chose qui peut s’avérer compliquée. Jill n’oublie pas ceux qui ont cru en elles. « Nous sommes vraiment très reconnaissantes envers les partenaires qui se sont engagés à nos côtés et qui continuent de nous soutenir, en particulier le cabinet d’avocats Nicolas & Dubois sans lequel nous n’aurions pas pu prendre le départ en 2019 ». D’autant plus, comme le fait remarquer Ady, que « tous les potentiels sponsors ne se basent pas exclusivement sur les résultats et les performances, certains sont axés sur la visibilité et nous avons la chance d’avoir une assez bonne visibilité en étant le seul équipage féminin en Guadeloupe ». L’avantage, c’est que leur Renault Twingo R1, avec ses 133 chevaux est l’une des moins puissantes du circuit, donc moins coûteuse à entretenir. Aujourd’hui, crise sanitaire oblige, l’équipage Brumier/Brumier est à l’arrêt forcé. Les deux jeunes femmes rêvent de reprendre les courses très vite.