L’UNSS, booster de talents ?

L’UNSS, booster de talents ?

« Dans chaque famille, il y a un, voire deux membres qui ont été licenciés à l’UNSS durant leur scolarité. Seulement, beaucoup l’oublient. » Ce sont en ces mots que la présidente de l’UNSS Guadeloupe, Ketty Labau Toto-Boc, illustre l’impact de l’UNSS chez les jeunes de Guadeloupe. À l’origine pensé pour sensibiliser et pousser à la pratique sportive, l’UNSS est, depuis plusieurs années, une fédération à part entière, avec ses objectifs de développement.

Bois-Jolan à l’heure de la Route du Rhum

Une bonne partie des élèves du district Nord-Grande-Terre s’agite sur les pistes en tuff de la plage de Bois-Jolan. Ils sont 250 de différents niveaux scolaires, venus participer au raid inter-activités Route du Rhum. Des challenges, des activités sportives ludiques et des questions autour de la voile et de la transatlantique.

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La pluie, qui ne semble plus lâcher la Guadeloupe en ce mois de novembre, n’a pas réussi à gâcher la fête de l’UNSS. Partout, des élèves sont répartis en plusieurs ateliers, autour d’un carbet qui abrite leurs professeurs et, surtout, le directeur de l’UNSS Bretagne, venu pour l’occasion avec une classe. Les équipes se relaient, les élèves tiennent des papiers avec leurs résultats et les communiquent au carbet. L’ambiance joviale ne parvient pas à cacher l’esprit de compétition. « Attention, rentre-bien mes résultats, pour l’instant nous sommes quatrièmes. » Sur la plage, des binômes se jettent à l’eau après avoir passé un petit parcours d’obstacles. Ils s’encouragent à aller plus vite. « Nous avons l’habitude d’organiser des raid multi-activités, mais il s’est trouvé que plusieurs établissements de notre district sont engagés avec des skippers de la Route du Rhum. Il paraissait logique d’organiser ce raid sur ce thème en sachant que c’est sans doute l’une des activités favorites de nos licenciés. » Par ces événements, l’UNSS démontre sa capacité à mobiliser les élèves pour des projets différents. Bien que discrète, l’institution demeure très active, et ce dans de multiples pratiques sportives, même les moins populaires, telles que le cricket. « Ce qui est bien à l’UNSS, c’est qu’on découvre toujours d’autres sports, et quand on peut participer à des activités comme celles-ci, c’est encore un plus », avoue Jena, élève au collège. Et avec l’arrivée de la Route du Rhum, les élèves ont eu l’opportunité de découvrir de nouveaux horizons.

Rendre le sport accessible à tous

L’Union Nationale du Sport Scolaire,
ancienne Office Sportive Universitaire, est un véritable laboratoire sportif depuis plus de quarante ans. Elle ouvre la voie à la pratique et à la performance sportive en mettant les valeurs d’égalité au même niveau.

Historiquement, l’UNSS a été l’un des propulseurs principaux du sport en France. En mettant l’activité physique dans l’agenda de l’État, celui-ci lui permet d’avoir les conditions nécessaires à sa démocratisation, dans un premier temps, puis à son développement. Aujourd’hui encore, l’UNSS reste dans cette veine mais se modernise. Grâce aux frais modiques de sa licence, c’est la troisième fédération sportive de France, derrière le football et le tennis. En Guadeloupe, elle dépasse le tennis pour se placer directement derrière la fédération de football.
Au-delà des réalités comptables, l’UNSS permet aux jeunes filles de s’exprimer par le sport. En France, 42 % des licenciés de l’UNSS sont des filles. En Guadeloupe, l’UNSS travaille aussi sur des thématiques d’égalité filles/garçons, d’ouverture et de découverte. Là où le goût du sport des enfants peut être fléché par leurs connaissances ou leur contexte familial, l’UNSS lève les barrières pour leur offrir un large choix d’activités physiques, y compris celles qui, dans un autre cadre, leur auraient peut-être été difficiles d’accès. De plus, il n’est pas rare que les élèves testent plusieurs activités dans une même année.

Pépinière de talents

L’esprit de compétition et la performance ne sont pas écartés des
programmations de l’UNSS ; la programmation qui mêle compétitions, partage et ludique fait émerger des talents dans de multiples disciplines. D’ailleurs, les élèves peuvent faire le choix de la double licence en pratiquant un sport en UNSS tout en étant inscrits dans une autre discipline. Certains font ce choix pour pratiquer plusieurs activités, mais aussi pour tester leurs performances. En effet, en UNSS, les compétitions se déroulent en équipes et permettent de sacrer plusieurs élèves. Un titre est donc souvent partagé, certes, mais met sur le devant de la scène plusieurs pépites que l’on peut, ou pas, rediriger vers un double cursus ou vers le haut niveau. L’UNSS ouvre sans complexe le champ des possibles.

« Chacun a la possibilité de défendre ses chances »

Cette année, l’UNSS a décidé de se montrer un peu plus. Et pour cause, l’association est en forte croissance en Guadeloupe, ce qui peut en faire une des fédérations les plus influentes de l’île, sans pour autant mettre de côté le cœur même de son action sportive. Rencontre avec Ketty Labau Toto-Boc et Mathieu Androletti, tous deux membres encadrants de l’UNSS.

TIM’s : Êtes-vous présents dans tous les établissements de Guadeloupe ?
Ketty Labau Toto-Boc : Oui, dans chaque établissement, pratiquement, il y a une affiliation à l’UNSS. Ceux qui ne le sont pas sont souvent les établissements privés. Nous sommes la deuxième fédération après le football, car on suit les niveaux et on veut augmenter le nombre de licences, surtout dans la pratique des filles, puisqu’il y a toujours un décalage entre filles et garçons, mais nous réduisons les écarts chaque année.

TIM’s : Les élèves peuvent-ils associer UNSS et sport fédéral ?
K.L.T-B : Nos élèves qui ont une double licence n’ont aucun problème. Il y a aussi des aides du Département qui s’appliquent pour aider sur le prix de la licence, car c’est souvent cela qui coince. Mais dans les faits, il arrive que des élèves, surtout dans les cross et les triathlons, courent sous la bannière de l’UNSS, au sein même d’une compétition organisée par le club fédéral.

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Les professeurs d’éducation physique sont les premiers encadrants à pousser les élèves UNSS à se dépasser.

TIM’s : Faites-vous partir des talents vers le haut niveau ?

Mathieu Andreoletti : Oui, on voit encore tous les ambassadeurs de l’UNSS qui réussissent dans le haut niveau, surtout dans les sports collectifs. Nombre d’entre eux sont passés par nous d’abord, alors sans aucun doute l’UNSS est un vrai découvreur de talents. Dans tous les cas, le haut niveau n’est pas dissociable, car nous avons tous les ans des élèves UNSS qui vont aux différents championnats de France et qui sont donc confrontés à ce qui se fait de mieux, ce qui pousse nos élèves à aller chercher la performance.
K.L.T-B. : Nous avons eu cette année cinq titres de champion de France, et comme on pratique par équipe, ce sont pas loin de trente élèves en Guadeloupe auréolés d’un titre de champion, en surf, en escrime, en planche à voile, en athlétisme. C’est un vrai tremplin. Nous souhaiterions que les équipes soient plus nombreuses à défendre leurs chances, mais nous avons les mêmes contraintes financières que les autres fédérations, et assumer les coûts de déplacement, ce n’est pas toujours évident. Mais nous nous organisons toute l’année pour y remédier.

TIM’s : En dehors du football, quels sont vos sports phares ?
K.L.T-B. : Nous avons pas mal d’inscrits au badminton, et ce qui nous plaît, c’est que la tendance est mixte. De plus, les établissements l’ont inclus dans des installations sportives couvertes, ce qui n’est pas toujours le cas, comme pour le hand, par exemple. D’autre part, c’est ludique, et il permet très rapidement d’arriver à de belles performances.
M.A. : Prenez une manifestation comme le raid, avec 250 élèves présents pour un seul district, c’est la deuxième plus grosse organisation après le cross. Mais nous pourrions ouvrir à d’autres établissements de districts, et nous pensons vraiment à le faire, car cela montrerait la popularité de l’UNSS en Guadeloupe.