Marcel Bengaber : « Dans un univers très compétitif, il fallait s’accrocher »

Marcel Bengaber : « Dans un univers très compétitif, il fallait s’accrocher »
Marcel Bengaber.

Il est grand, oui, ça c’est presque une évidence quand on parle de basket. Pourtant, sa stature s’accorde parfaitement avec sa discrétion. Marcel Bengaber n’aime pas se faire remarquer. C’est presque craintif qu’il vient à notre rencontre, et pourtant… il y a tant à raconter.

Les six enfants Bengaber vivent, dans leur enfance, comme la plupart des Pointois de leur époque, entre les amusements de la rue et l’œil vigilant de leur mère et de leur grand-mère. Marcel est le troisième frère. Il évolue dans une fratrie unie, de laquelle il ne se sépare jamais. Les choses ont continué ainsi jusqu’à ce qu’un certain Jacques Cicofran tape à la porte de la maison familiale. « Quand le coach Cicofran nous repère, mon frère (ndlr : Georges) et moi, j’ai à peine douze ans. Il voulait que nous rejoignions l’entraînement de l’ACD, à l’époque équipe élite de Guadeloupe. » Pour la mère des Bengaber, c’est un « non » catégorique. Il faudra l’influence de la grand-mère pour que Marcel enfile son premier jersey de basketteur. « Je me souviens qu’il fallait qu’on me fasse des nœuds sous les bras, tant mon maillot était trop grand pour moi. » Dès lors, c’est une nouvelle vie qui s’ouvre au jeune homme. Et elle est faite d’entraînements rudes et matinaux, sans aucun temps d’adaptation. « Il fallait rallier, en footing, la rue Raspail à Bas-du-Fort, aller et retour. Pas le temps de souffler, alors autant dire que dans les premiers temps, j’étais régulièrement parmi les derniers. » L’âge n’y fait rien, Marcel Bengaber, plus fluet, est logé à la même enseigne que les grands. C’est la méthode Cicofran. « Nous sommes à une époque où la rue Raspail baigne dans le sport. Autour de l’usine, on trouve certainement les plus grands sportifs de la Guadeloupe. Dans cet univers compétitif, il fallait s’accrocher pour se démarquer. » D’autant que la composition de l’équipe se joue au lancer franc. Mais avec l’aide, notamment, de M. Décordé qui prend le garçon sous son aile, Marcel Bengaber attend patiemment le match qui lui permettra de briller. Et il arrivera bien plus vite que prévu.

Moments décisifs

Le vélo est une affaire de famille

« J’étais en catégorie junior et nous avions un match à jouer sur la Place de la Victoire. Toute la semaine, l’entraîneur, M.Blaze, m’a remonté à bloc en me disant que j’allais jouer. Le jour du match, il ne m’a pas mis sur le terrain. C’était comme ça et je n’ai pas eu l’idée de demander pourquoi. Mais à la prochaine rencontre, quand il m’a lancé, c’était l’apothéose. J’ai réussi le match qu’il fallait sur le joueur qu’il fallait, toujours à mon poste d’intérieur, par amour du contact. »

Romainville, Alsace de Bagnolet et Cicofran

« En France, je me suis fait un nom avec une équipe d’Antillais qui jouait à Romainville. C’est ainsi que j’ai été repéré par l’Alsace de Bagnolet, un club de renom. Jacques Cicofran était l’entraîneur des jeunes, je n’étais pas perdu. C’était une belle époque, on gagnait, on était jeunes et on vivait dans l’insouciance. J’ai signé à Monaco, mais je suis parti car ce qu’ils me proposaient ne m’allait pas. Je suis parti jouer à Nantes et j’y suis resté trois ou quatre ans avant de revenir à Paris, puis finalement en Guadeloupe en 1980. »

L’époque d’un Ban-É-Lot béni

« Ma plus grande fierté, à mon retour, est d’avoir vu les années de gloire du Ban-É-Lot. Nous étions invaincus et j’ai eu la chance de jouer avec des grands joueurs tels que Custos, Lucien Otrante, Philippe Nelsom, Dash. Nous sommes partis en Martinique, pour affronter des cadors. Nous les avons battus, chez eux, dans un hall silencieux. C’est un grand souvenir. »