Olivier Noglotte : « Le tourisme sportif fausse nos performances »

Olivier Noglotte : « Le tourisme  sportif fausse  nos performances »
Olivier Noglotte.

À 45 ans, le triathlète Olivier Noglotte est au meilleur de sa forme. Ce pompier de profession vient de remporter le Gwadloup Tri et se prépare à disputer les championnats du monde à Nice au mois de septembre. Un athlète complet et un champion guadeloupéen que TIM’s Magazine a rencontré pour une interview sans bigidi.

TIM’s : Depuis combien de temps êtes-vous triathlète ?
Olivier Noglotte : Depuis maintenant 23 ans. J’avais vu une course et ça m’avait intrigué, d’autant plus que j’avais déjà pratiqué les 3 disciplines dans ma jeunesse. Mon premier triathlon était au Gosier et je l’ai gagné, malgré avoir pris 5 min à la sortie de l’eau, que j’ai rattrapées sur le vélo pour terminer la course avec 2’30 d’avance. Aujourd’hui, je ne perds plus de temps dans l’eau, mais mon point fort reste tout de même le vélo.

TIM’s : Faut-il avoir un régime et une hygiène de vie irréprochable pour faire des résultats à un âge « avancé » ?
O.N. : Tout le monde peut faire du triathlon. Cela dépend des objectifs que vous vous fixez. Même ma grand-mère peut en faire ! Il ne faut pas avoir l’impression de faire des sacrifices. Si j’ai envie de manger une pizza la veille d’une course, je ne me prive pas ; je mange de tout donc je ne suis pas frustré le jour de la course et je peux courir l’esprit léger. Grâce à l’éducation de mes parents, j’ai toujours mangé de bons produits, les fast-foods ne me font pas envie. Après, c’est sûr qu’à 45 ans, j’ai plus de maturité, et cette expérience me permet de mieux gérer mes courses, puisqu’il est primordial de bien se connaître. Cependant, avec mon âge, je ne fais pas office d’exception. Prenez Eddy Boulate qui a 50 ans et est performant depuis 20 ans en course à pied. Avec l’âge, on est plus résistant et franchement mentalement plus fort.

TIM’s : Si ce n’est pas l’âge, qu’est-ce qui fait la différence selon vous ?
O.N. : Je m’entraîne plus que les autres avec un entraîneur qui est docteur en physiologie. De plus, il est comme moi, il a des objectifs. Lors de notre première rencontre, il a été extrêmement clair. Il n’était pas intéressé par de simples performances locales. Par conséquent, il m’élabore un planning d’entraînement très précis, en fonction des échéances à venir. Il arrive même qu’il soit intensif pendant 15 jours, pour me fatiguer volontairement.

TIM’s : Et côté finances, vous vous y retrouvez entre les entraînements, les déplacements et les courses ?
O.N. : Le triathlon est un sport peu médiatisé donc il faut trouver des sponsors pour arriver à participer à des courses internationales. Par exemple, ma prochaine course au Costa-Rica va me coûter 2 500 euros pour 5 jours. Cela représente un gros budget. Autre exemple, la participation à un IronMan est de 600 euros, pour le dossard seul, et lorsque vous terminez sur le podium de votre catégorie (40-49 ans), il faut pouvoir payer l’inscription tout de suite pour le championnat du monde qui est de 600 euros également. Et si vous ne pouvez pas, c’est le 4e qui prend votre place et ainsi de suite. Et ce système entraîne ce que j’appelle le tourisme sportif, c’est-à-dire des personnes qui parcourent le monde pour faire des triathlons parce qu’ils ont les moyens, mais ne courent pas pour faire un résultat. C’est leur droit, mais je regrette que cela se développe énormément, car ça tue un peu le sport.