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Les courses de bœufs tirants sont un sport endémique à la Guadeloupe. Cette discipline ancrée dans le patrimoine culturel est unique au monde. Sport traditionnel par excellence, les compétitions attirent des milliers de spectateurs durant la saison.
La charrette à bœufs a été pendant longtemps utilisée comme moyen de transport en Guadeloupe, notamment par les agriculteurs. Pour savoir qui possédait les bœufs les plus robustes, certains organisaient des courses de charrette sur pente. Ce genre de confrontation a pris de l’ampleur et a gagné en popularité. Il y a quarante ans, le comité guadeloupéen des bœufs tirants a été créé afin de structurer ces compétitions et sauvegarder cette tradition. Aujourd’hui, la discipline est régie par des règles strictes, et l’organisation des courses doit respecter un cahier des charges précis.
La course se déroule sur une pente soigneusement identifiée par l’équipe technique du comité, composée d’une dizaine de membres. Cette piste, délimitée par des poteaux de bois reliés par un câble les uns aux autres, doit mesurer minimum cent mètres et peut atteindre deux cents mètres de longueur au maximum. Avant la course, un tirage au sort définit l’ordre de passage des attelages inscrits. L’équipe technique choisit une charge à mettre dans la charrette en fonction de la difficulté de la piste et du temps. La charrette peut alors peser entre une et deux tonnes, voire un peu plus selon les catégories. Les attelages, à tour de rôle, doivent essayer de gravir la piste le plus vite possible. Ils disposent de six minutes maximum pour effectuer le trajet. Chaque attelage est composé de deux bœufs, un chauffeur et deux correurs dont le rôle est de caler les roues de la charrette si besoin.
Le respect animal
À l’image des courses hippiques, le chauffeur ne peut excéder douze coups de fouets pour « stimuler » ses bœufs lors de l’ascension. En cas de non respect de cette règle, la course est automatiquement arrêtée par l’équipe technique. Si l’ascension ne se fait pas dans les six minutes impartis, la course est alors stoppée, et la distance parcourue par l’attelage mesurée. Les courses sont organisées par catégorie. Il existe deux petites catégories, les minimes avec des bœufs pesant de 600 à 700 kg et les cadets avec des bœufs de 701 kg à 750 kg. Il y a aussi trois grosses catégories appelées C (751 kg à 800 kg), B (801 à 860 kg) et A (861 kg et plus).
Selon le bureau du comité guadeloupéen de bœufs tirants, l’association compte plus de quatre mille adhérents cette année. Seize clubs sont recensés, chacun d’entre eux devant organiser deux courses par catégorie durant la saison qui débute en avril et finit en décembre. Les cinq premiers de chaque course gagnent des points comptabilisés dans un classement des clubs.
L’épilogue de la saison est le festival des bœufs tirants. Les propriétaires l’attendent impatiemment car il permet de désigner les meilleurs attelages de chaque catégorie. Les vainqueurs sont sacrés champions de la Guadeloupe. Cette épreuve est organisée par le comité, en trois manches pour chaque catégorie. Après les trois étapes, un classement final désigne le gagnant. Ces événements attirent chaque année des milliers d’amateurs, de passionnées mais aussi de touristes.
- Yvan Lemare
