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Daryl BULTOR : « Partir pour sa passion est une chance ! » - TIM's Magazine

Daryl BULTOR : « Partir pour sa passion est une chance ! »

Daryl BULTOR : « Partir pour sa passion est une chance ! »

1/ Comment s’est présentée à toi la question d’un départ dans l’hexagone pour poursuivre ton parcours de volleyeur ?

DB : C’est le Conseiller Technique Régional de la Guadeloupe qui a proposé à mes parents que je rentre dans un pôle France. Au début c’était un peu compliqué pour eux parce que financièrement ça représentait un coût. Ils ont alors fait des démarches auprès du Département et de la Région pour avoir des aides et après ils ont dit « ok on va essayer ».

2/ Comment as-tu vécu cette annonce ?

Au début, j’étais quand même assez content parce que je voulais découvrir la France, je voulais me lancer dans ce projet qui était intéressant et parce que c’était une belle perspective d’avenir. Que je réussisse ou pas, dans ma tête je me disais je serais déjà en France et que pour mes études ce serait plus simple.

Concrètement, au début c’était un peu compliqué surtout pour mes parents parce que partir à 14 ans ½ c’est tôt. D’habitude, on part de chez ses parents vers 18 ou même 20 ans. Moi, je m’y suis fait assez vite et ça s’est bien passé je pense.

3/ Quels souvenirs gardes-tu du jour de ton départ ?

DB : Je me souviens vaguement de ce jour. Il n’y a pas eu de grandes effusions d’émotions parce que mes parents ne sont pas de ce genre là et moi non plus. On est resté ensemble la veille du départ et le lendemain ils m’ont amené à l’aéroport. On a discuté tranquillement et je suis parti, j’ai pris mon envol on va dire. Dans l’avion, j’étais zen alors que c’était la première fois que je prenais l’avion en plus. Je suis parti un peu dans l’inconnu mais ça s’est bien passé.

4/ Au moment de partir, avais-tu des appréhensions particulières ?

DB : Non, j’étais dans une forme d’insouciance. Je me suis dis « on va jouer au volley, on va faire du sport ». Je partais pour moi dans un monde un peu féérique, je me disais que je partais pour ma passion donc je ne me suis pas posé trop de questions. Je me suis dit « cool je vais faire du sport », « je vais continuer à faire ce que j’ai toujours fait avec mon père, avec mon frère » donc je suis parti à l’aventure.

5/ Comment se sont passées ton arrivée et tes premières semaines dans l’hexagone ?

DB : Je suis arrivé à Paris où j’ai passé les 4/5 premiers jours chez une tante qui y habite. J’étais chez la famille donc c’était cool et ça a fait la transition en quelque sorte. Ensuite, je suis arrivé au Pôle France Volley de Bordeaux.

C’était assez dur car j’avais un très fort accent et les gens ne me comprenaient pas forcément. J’ai aussi dû apprendre à vivre « d’une manière métropolitaine » des choses que je ne connaissais pas, que je n’avais pas l’habitude de voir. Dans ce contexte, je pense que j’ai eu de la chance car en arrivant au Pôle, il y avait 5/6 jeunes qui venaient des DOM-TOM dont un guadeloupéen Gaël Tranchot. Ça m’a quand même beaucoup aidé car on était toujours ensemble au CREPS, on parlait beaucoup et on jouait ensemble en club à Mérignac.

Du coup, les premiers mois ont été moins compliqués que pour d’autres qui en arrivant en pôle se retrouvent seuls et donc plus isolés. Mon adaptation s’est faite un peu plus vite grâce à ça et aussi du fait que le club de Mérignac est un club très familial qui était géré par la famille Gastellu qui nous a pris sous son aile et nous a beaucoup aidé.

6/ Sur le terrain, la façon de s’entraîner et la charge de travail étaient-elles très différentes ?

DB : Sur le plan sportif, il a fallu s’adapter un peu aussi car il y avait des exercices qu’on ne faisait pas en Guadeloupe par manque d’infrastructures. Pour la charge de travail, ça ne m’a pas posé de problèmes car j’étais habitué à faire beaucoup de sport avec mon père, avec des amis, avec la section sportive de volley ou à la natation. J’ai toujours fait beaucoup de sport donc ça n’a pas été un souci pour moi.

La première chose que j’ai faîte en arrivant c’est de manger un colombo de cabri ! (rires).

7/ Quand es-tu rentré en Guadeloupe et comment s’est déroulé ce premier retour en Guadeloupe ?

DB : C’était l’année d’après, directement pendant les vacances pendant les 2 mois.
Honnêtement, au début ça m’a fait bizarre, parce que ça fait un an que tu n’es plus là et tes amis ont aussi « fait leur vie ». Tu as comme l’impression de ne plus connaître beaucoup de monde, même si j’ai gardé contact avec certains amis. J’ai alors profité de la Guadeloupe un peu autrement. Ça m’a vraiment aidé à me ressourcer car j’étais vraiment en vacances, j’allais tout le temps à la plage, j’ai lâché prise.

La première chose que j’ai faîte en arrivant c’est de manger un colombo de cabri ! (rires).

Au fil des vacances, je me suis dit qu’on est vraiment bien en Guadeloupe mais j’ai aussi réalisé que j’avais la chance de pouvoir faire un choix de vie. Quand on voit que maintenant dans le volley-ball où on a la chance de gagner un peu d’argent et qu’on ne fait que ça, c’est une vie « tranquille ».

Au final, même si j’aurais aimé rester en Guadeloupe, je me suis dit très tôt « c’est pas le genre d’opportunités qu’on a tous les jours donc fonce ! » et ça a vite pris le pas sur la décision de quitter la Guadeloupe. Le projet et la passion ont pris le pas sur les sacrifices à faire.


8/ Maintenant 12 ans que tu es dans l’hexagone, as-tu pris conscience à moment particulier que ta vie se construisait à 8 000 kms de chez toi finalement ? 

DB : J’ai commencé à sentir que ma vie était vraiment posée dans l’hexagone assez récemment. Après mon premier retour en Guadeloupe, j’ai commencé les équipes de France Jeunes et je n’avais plus vraiment de vacances donc plus l’occasion de rentrer en Guadeloupe. J’y suis revenu en 2018 pour un mois. En arrivant, je pensais reprendre mes habitudes comme avant. La première semaine s’est passée tranquillement, j’ai revu ma famille et des amis. La deuxième semaine, même si j’allais à la plage souvent, je me suis rendu compte que ce n’était plus mon rythme de vie. Ça m’a fait un petit choc et je me suis dit que j’étais devenu un « vrai métropolitain ». J’ai un rythme de vie différent maintenant et puis on évolue aussi dans sa vie et les attentes changent avec le temps. Au final, j’ai loué une voiture et j’ai pû renouer avec la Guadeloupe en mode « touriste ». J’ai en quelque sorte redécouvert mon île. Ça m’a fait vraiment du bien parce que j’ai découvert plus de choses que quand j’y vivais, ça m’a fait très plaisir ! La Guadeloupe est magnifique !

« C’est important quand on part et qu’on est à 8 000 kms de sa famille, qu’on est plus ou moins seul, de bien s’entourer. »
« Le projet et la passion ont pris le pas sur les sacrifices à faire. »

9/ Quel bilan dresses-tu après 12 ans et un titre olympique à ton palmarès ?

DB : Le bilan assez positif car même si je suis quelqu’un de perfectionniste, je suis en Équipe de France, on est champion olympique donc au final tous mes sacrifices n’ont pas été vains. Jusqu’à aujourd‘hui, j’ai eu la chance de jouer dans des grands clubs en France donc je ne changerai rien dans mon parcours. Tout ce que j’ai vécu m’a permis d’être le joueur que je suis et la personne que je suis aujourd’hui.

 

10/ Durant les premières années, as-tu eu des moments difficiles voire des envies de rentrer au pays ?

DB : Non je n’ai jamais eu de moment où j’ai pensé faire demi-tour car j’ai toujours considéré que j’avais la chance d’être ici et que malheureusement les perspectives d’avenir pour les jeunes en Guadeloupe ne sont pas énormes. Je me suis toujours dit « quoi qu’il se passe tu auras toujours des perspectives d’avenir et peut-être plus que si tu étais resté en Guadeloupe ».

11/ Quel message ou conseil donnerais-tu aux jeunes sportifs guadeloupéens qui reçoivent ou recevront prochainement des propositions pour rejoindre l’hexagone ?

DB : Entourez-vous des bonnes personnes parce que quand je regarde mon parcours j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes aux bons moments. Je pense que le fait d’être bien entouré ça t’aide à grandir, à mûrir et à ne pas être tiré vers le bas. C’est important quand on part et qu’on est à 8 000 kms de sa famille, qu’on est plus ou moins seul, de bien s’entourer.

 

12/ Quel est ton souhait pour le volley-ball guadeloupéen et envisages-tu après ta carrière de revenir un jour pour partager ton expérience ?

DB : J’espère que le volley guadeloupéen va encore grandir. Je pense que pour faire progresser le volley-ball en Guadeloupe, il faut favoriser des plans de développement pour augmenter la masse de joueurs. Plus il y a des joueurs, plus il y aura de la qualité qui va en sortir. Si un jour j’ai la chance de revenir et que je peux apporter mon aide je le ferai volontiers ! Ce serait un projet qui m’intéresserait, d’aider à développer le volley-ball en Guadeloupe et le sport sur l’île qui m’a tant donné quand j’étais jeune. C’est vraiment un projet pour plus tard.

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